Pourquoi Didier Reynders privilégie-t-il désormais le PS ?
Pourquoi Didier Reynders privilégie-t-il désormais le PS ?
Depuis un mois, Didier Reynders dans ses interviews n'appelle plus à changer le centre de gravité et à battre le PS... et ambitionne tout simplement de prendre la place du CDH, scotché depuis 2004 au parti d'Elio. Au journal l'Echo, il a justifié en décembre : « même un âne ne bute pas deux fois sur la même pierre ».
Avec beaucoup de réalisme politique, Didier Reynders fait l'analyse (à mon sens très juste) que d'une part, l'alliance anversoise (NVA-Open VLD-CD&V) va s'imposer naturellement au nord du pays. La NVA est, il faut le rappeler, déjà présente dans la majorité flamande et risque bel et bien de renforcer son score et d'être le premier parti de Flandre en 2014, ce qu'elle n'était pas encore en 2009. Score qui, par la présence de ce qui reste du Vlaams Belang, rend impossible tout contournement de Bart de Wever. L'Open VLD actuellement dans l'opposition au Parlement flamand fera tout pour sortir de l'opposition... tandis que le CD&V fera tout pour tenter de sauver son Ministre-Président Kris Peeters. D'autre part, l'axe NVA-CD&V-OpenVLD peut se trouver dans la volonté flamande de gouverner plus à droite et reprendre le poste de Premier ministre à Elio Di Rupo. Steven Van Ackere l'a confirmé : un Elio Di Rupo II est impensable au nord du pays. Il est hors de question pour eux de remonter dans un attelage où ils laisseraient s'épanouir la NVA dans l'opposition tout en étant minoritaire dans leur groupe linguistique, ce qui obligerait à compenser par une sur-représentation francophone (PS-MR-CDH) comme aujourd'hui.
Avec une coalition NVA-CD&V-Open VLD, la Flandre amènerait environ 60 sièges et non plus 43 comme aujourd'hui, il ne manquerait donc plus qu'une bonne vingtaine de sièges côté francophone pour avoir une majorité simple fédérale. Et si l'on veut atteindre la majorité des 2/3, PS et MR peuvent apporter près de 40 sièges des 62 sièges francophones.
Bref dans ce scénario, il n'aura échappé à personne que le PS serait privé de son alter-ego SP-A au nord du pays, et ne pourrait dès lors plus revendiquer le poste de Premier Ministre. La famille libérale en revanche serait la seule présente au nord comme au sud et apporterait environ 28 députés soit la colonne vertébrale d'un futur Gouvernement. Didier Reynders pourrait donc jouer pleinement sa carte personnelle et revendiquer le 16 rue de la Loi, un poste que les Flamands pourraient également revendiquer en proposant ... Kris Peeters, soutenu par la NVA. Car finalement, l'alliance anversoise où le CD&V a renoncé au SPA pour venir renforcer Bart De Wever, n'est-elle pas le prélude d'un autre grand troc à venir : la NVA prenant la main au Gouvernement Flamand et s'installant dans le siège de Kris Peeters promu comme Premier Ministre au Fédéral ?
Seul la reconduction de la coalition actuelle des 6 partis traditionnels peut permettre à Elio Di Rupo de rempiler. Elio Di Rupo sait que ses jours au Fédéral sont comptés. Le discours du Roi, l'allusion aux populismes des années 30, l'attaque frontale de la NVA prouvent la fébrilité de l'homme qui joue sa survie. Il sait que la NVA revendiquera un Gouvernement à droite sur le plan socio-économique, sans un Premier Ministre francophone... et surtout pas un socialiste....
Elio Di Rupo a néanmoins trouvé des alliés ce week-end chez... les libéraux : Louis Michel a stigmatisé le nationalisme porteur d'exclusion tandis que son fils Charles appelle dans La Libre de ce 7 janvier 2013 à tout faire pour barrer la route à la NVA... Cruel et cynique, quand on se rappelle que le 31 août 2010, les libéraux avaient invité Bart De Wever chez Bruneau pour leur faire offre de services...