Emmanuel De Bock brigue la présidence du FDF
« Moi président… S’indigner sans s’engager ne sert à rien. Faire du FDF le parti des Wallons et Bruxellois qui veulent un autre possible.» C’est par ce tweet, vers 22h15, alors qu’il sortait du conseil communal d’Uccle qu’Emmanuel De Bock a annoncé qu’il briguait la présidence du FDF. Le dépôt des candidatures se clôturait ce lundi soir; le jeune (36 ans) député régional, conseiller communal ucclois, sera le seul à défier Olivier Maingain.
Un solide défi qu’il s’apprête à relever avec enthousiasme. Ce lundi soir, surpris quelques minutes à peine après l’officialisation de sa candidature, il se montre intarissable. Sur la politique, son projet, son parti… Entretien sur le vif, peu après 22h30.
Une annonce in extremis, avant la clôture des candidatures. Vous avez hésité jusqu’au bout ?
Honnêtement, cela faisait quelques semaines que je me tâtais. J’attendais de voir un peu comment les choses allaient se décanter. Didier Gosuin n’était pas candidat. Puis il y a eu cette conférence de presse de Bernard Clerfayt qui a dit que, pour lui non plus, ce n’était pas d’actualité. A ce moment-là, je me suis dit que c’était dommage qu’il n’y ait pas d’autre candidat que le président sortant.
Pourquoi ?
Parce que nous sommes un parti en bonne forme. Et qu’il faut précisément montrer que le FDF a d’autres personnalités dans ses rangs, en particulier des jeunes. Il n’y a pas que les pères fondateurs et les fils fondateurs, il y a une autre génération, qui est la mienne. Il y a un vivier de jeunes qui s’indignent, c’est très bien, mais il n’y en a pas assez qui s’engagent. Ou alors, ce sont les héritiers, les fils de. Ce qui n’est pas mon cas : je n’ai pas un père en politique, pas de mère en politique non plus.
Pourquoi avoir un jour choisi le FDF ?
C’était il y a 19 ans déjà ! Je suis arrivé au parti à l’âge de 17 ans. J’ai été un militant, j’ai travaillé dans ma section locale, à l’unif, où j’ai créé mon cercle. J’ai commencé par la base. Je suis aussi un enfant de la Fédération MR-FDF, d’Antoinette Spaak et Jean Gol.
Aujourd’hui, le FDF ne vous satisfait plus pleinement, vous voulez le faire évoluer ?
Ah si, je m’y sens bien ! C’est un parti de convictions, pas de pouvoir. J’y vis de très bons moments, et je veux encore en vivre. Je veux aussi les faire partager, en particulier à des jeunes, et faire en sorte qu’ils aient envie de s’engager, avec nous.
Renouveler le parti…
Oui ! Nous n’avons pas vocation à être le 3e ou le 4e parti, aux côtés du CDH ou d’Ecolo. Nous sommes un parti qui a un autre discours, qui respecte la parole donnée. C’est ça le FDF; on l’a encore prouvé avec BHV !
Vous êtes candidat contre Olivier Maingain…
Je ne suis pas candidat contre quelqu’un ! Je suis candidat pour susciter le débat, pour assurer la vitalité du parti.
Malgré tout, vous n’êtes pas un clone d’Olivier Maingain. Quels sont les accents qui vous sont propres ?
Je veux élargir notre champ de vision. Nous ne sommes pas un parti exclusivement institutionnel. Nous devons aussi nous intéresser aux priorités socio-économiques, aux thèmes urbains, à la bonne gouvernance, à l’évaluation des politiques publiques… Sans pour autant perdre de vue les aspects institutionnels. Il faut encore se battre contre la cogestion de Bruxelles par le nord et le sud du pays. Mais je veux, aussi, que la Communauté française soit véritablement un outil au service des Wallons et des Bruxellois.
Dans la campagne interne, vous allez devoir vous démarquer d’Olivier Maingain. Quelles sont les divergences entre vous ?
Il n’y a pas de divergence sur le fond. Je suis simplement moins marqué « institutionnel » que lui. Au Parlement régional, j’interviens, avec Didier Gosuin, sur des enjeux clés pour Bruxelles : le chômage, la formation.
Vous prenez un risque en défiant le président !
Je risque moins que Bernard Clerfayt ! Oui, c’est un risque. Je l’assume, je prends mes responsabilités. Je veux dire, par ma candidature, qu’il y a une nouvelle génération. Non, je n’ai pas connu les Marches flamandes sur Bruxelles, mais je connais les manifestations en périphérie, le Gordel… J’ai une capacité d’indignation. Et donc, voilà, De Bock monte au front ! Je veux aussi montrer qu’il y a, au FDF, une liberté de parole, qu’on n’est pas un parti cloisonné.
Vous êtes intarissable…
Je suis passionné, oui. Je n’ai jamais assez de 24 heures pour faire tout ce que j’ai envie de faire. Du reste, on n’a qu’une vie, c’est aussi pour ça que je me présente. Et puis, vous savez, pendant la campagne communale, j’ai été marqué par des rencontres. J’ai arpenté tout Uccle à pied, 40.000 boîtes aux lettres ! Et j’ai croisé des gens qui ont du mal à nouer les deux bouts, qui ne s’en sortent vraiment pas, avec leurs petits revenus. J’ai été secoué. Alors maintenant, je veux secouer. J’aurais pu rester dans le confort de ma position. Mais non ! Les combats sont beaux, quand ils sont difficiles.
(source: www.lesoir.be)