Projection Chambre 2010 sur base des Régionales 2009

Projection Chambre 2010 sur base des Régionales 2009

Emmanuel De Bock, Politologue et Député bruxellois

Dévolution avec apparentement – sur base des circonscriptions provinciales
Prise en compte du seuil électoral des 5%


En procédant à l’analyse des dernières élections régionales 2009, il est possible de faire une dévolution de sièges sur base des circonscriptions fédérales, ce que les derniers sondages ne rendent absolument pas.
Bien entendu l’enjeu d’une élection régionale est complètement différent d’une élection fédérale et les dernières péripéties ayant entraîné le gouvernement à la démission vont pénaliser certains partis et en avantager d’autres.
Il a été tenu compte dans cette dévolution du seuil d’éligibilité mais également de l’apparentement entre BHV, Leuven et Nivelles. Il a été également tenu compte du vote francophone s’exprimant en périphérie bruxelloise sur base des derniers résultats fédéraux 2007 (qui n’était pas isolable sur base des régionales 2009).

Moyennant ces précautions méthodologiques, et toutes choses étant égales par ailleurs, nous pouvons extrapoler la situation suivante pour les deux groupes linguistiques :


2. L’ « olivier » ne serait pas majoritaire du côté flamand (42 sièges sur 88). Par ailleurs il ne représenterait que 86 sièges sur 150, ce qui rend impossible toute grande réforme de l’Etat nécessitant une majorité des 2/3. On notera d’ailleurs que l’Olivier virtuel actuel qui a tenté de négocier BHV comportait même 8 députés de plus. L’Olivier ne semble donc pas une coalition « gagnante » mais bien une coalition « excluante ».
Par ailleurs, on le voit dans les tableaux des coalitions suivantes, aucune coalition bipartite n’est possible au nord. Seul la tripartite classique est possible. Quand au sud du pays, une seule coalition bipartite PS-MR est possible.
Parmi les tripartites possibles au sud du pays, la coalition de gauche de l’ « olivier » est une des 4 tripartites envisageables mais c’est la seule coalition tripartite qui exclut le MR, et par ailleurs, ce n’est pas la plus stable puisqu’elle ne recueillerait que 45 sièges pour 51 pour la tripartite classique traditionnelle MR-PS-CDH et même 53 pour la coalition « violette » MR-PS-ECOLO.

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3. Les 3 familles politiques vont se retrouver au coude-à-coude pour le poste de premier ministre. On peut s’étonner d’ailleurs que les éditorialistes annoncent un duel Thyssen - Di Rupo pour le Poste de Premier Ministre alors que la famille libérale pesait globalement pratiquement autant que la famille chrétienne. La famille libérale pèserait 32 sièges pour 34 à la famille sociale-chrétienne et 37 pour la famille socialiste.

4. Enfin, une élection régionale est différente d’une élection nationale. Il ne faut donc pas sous-estimer la prime éventuelle positive ou négative côté flamand à Alexander De Croo et aux nationalistes, mais aussi au « MR-FDF » côté francophone par rapport à l’enjeu communautaire, sans oublier l’abstention ou le vote blanc/nul qui est annoncé. Il est très difficile de mesurer par rapport aux régionales 2009, la différence éventuelle du comportement que l’électeur adoptera. Nous sommes dans une élection de « rupture ». Le jeu semble donc plus que jamais ouvert même si le morcellement politique très important semble indiquer que seule la tripartite traditionnelle peut assurer une majorité dans chaque groupe linguistique ainsi qu’une majorité des 2/3 globalement. 

5. Il serait utile de rappeler que le système de dévolution de sièges se fera par circonscription provinciale, excepté BHV (apparenté à Leuven et Nivelles). De la sorte, les sondages, s’ils ne tiennent pas compte de ce mode de représentation des sièges et font une dévolution « globale », seront quelque peu biaisés. En effet, dans plusieurs circonscriptions, Groen et la Lijst Dedecker sont menacés de ne pas atteindre le seuil d’éligibilité, ce qui favorisera le ou les partis dominants de la circonscription donnée.

6. L’importance de la périphérie francophone pour le MR : ces francophones de la périphérie votent à plus de 51% pour le MR.
L’évolution de la sociologie électorale est très intéressante en périphérie bruxelloise : il y a environ 160.000 francophones sur Hal-Vilvorde (sans oublier les quelques milliers encore sur Leuven). Les Francophones de Hal-Vilvorde représentent près de 80.000 électeurs sur les 370.000 que comptent Hal-Vilvorde, soit un peu plus de 21%.


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Il y a 22 sièges à répartir sur BHV et le coût du siège est d’environ 37.000 à 38.000 voix. Or, que constate-t-on sur le tableau ci-dessus ? Que dans les 6 cantons de Hal-Vilvorde (élections 2007), l’électorat francophone vote très majoritairement pour le MR : à plus de 51% avec plus de 39.993 voix récoltées soit l’équivalent d’un siège de député fédéral… Les 3 autres partis traditionnels PS, CDH et Ecolo recueillent péniblement entre 13 et 18 %, soit environ ¼ de siège... Le coût marginal est donc 4 fois moins important chez Ecolo, au PS et au CDH qu’au MR.

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Lorsqu’on sait que le PS recueillait sur BHV 3 sièges en 2007 mais 4 sièges en 2003, que le MR oscille entre 5 et 6 sièges selon l’apparentement avec le Brabant Wallon, en ôtant au MR 40.000 de ses 190.000 électeurs,  on le prive de plus de 20% de son électorat et donc d’un siège, ce qui ramène le MR au coude-à-coude avec le PS sur BHV ! Un calcul qui pourrait donc n’être que cynique de la part du PS. Une sorte de redécoupage électoral partisan visant à faire reculer le MR qui est aujourd’hui, et de loin, le premier parti de BHV.