La politique de cohésion sociale de Picqué exclut 20 % des pauvres !

 

Après avoir présenté sa note d’orientation en matière de cohésion sociale à la presse une semaine avant la commission des Affaires sociales, ce qui est regrettable sur le plan des principes, Charles Picqué a confirmé l’abandon de certaines priorités pour les projets quinquennaux des 5 prochaines années.

Pour le député bruxellois Emmanuel De Bock (MR-FDF), il s’agit d’un désaveu par rapport à la politique menée ces 5 dernières années, politique de dispersion des moyens sans véritable hiérarchisation des priorités.

Etonnamment, alors que les budgets augmentent et sont indexés, les nouvelles priorités abandonnent les actions intergénérationnelles, les questions de genre (égalité homme-femme), ou encore la lutte contre la fracture numérique, l’accès aux nouvelles technologies. Ce recentrage des priorités s’avère être une véritable épée de Damoclès qui pèse sur les 300 associations actuellement actives en matière de cohésion sociale.



La nouvelle orientation du ministre contredit les critères du décret de 2004 qui pondèrent le subventionnement des communes. Le critère de fracture numérique intervient pour augmenter le subventionnement d’une commune tout en n’étant plus une priorité !



Un autre problème important concerne l’actualisation des outils statistiques. En effet, les indicateurs socio-économiques ne sont pas à jour, et accusent un retard de 5 à 10 ans sur la réalité socio-démographique. Comment dès lors mener une politique cohérente ? Un exemple parmi tant d’autres : la note présentée parle d’un public-cible provenant à 61% de l’UE et 39 % hors UE. Or selon nos estimations, on serait aujourd’hui dans un rapport de 75 % - 25 %, vu les importantes régularisations qui ont eu lieu entre 2000 et 2008. Cette absence de statistiques actualisées ne permet pas une objectivation des moyens et des besoins. 



Le CRACS, le Centre régional d’appui en cohésion sociale, a d’ailleurs mis en exergue le problème d’absence d’objectifs opérationnels et de finalités et parle d’une politique qui ne s’attaque pas aux effets-causes. De l’aveu-même du CRAcs, il est par exemple impossible d’isoler les effets propres des 8 millions d’euros consacrés à cette politique de cohésion sociale.



Une véritable évaluation, non seulement du décret mais aussi des actions menées par les 300 associations actives sur le terrain est indispensable.



Enfin, le député bruxellois Emmanuel De Bock (MR-FDF) pointe le problème le plus fondamental inhérent au décret de 2004 : l’exclusion injustifiée depuis 2004 de 6 communes sur 19 (Berchem-Sante-Agathe, Ganshoren, Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Pierre et Woluwe-Saint-Lambert). Ces 6 communes représentent 22 % de la population bruxelloise, mais aussi un peu plus de 20 % de la précarité bruxelloise puisque 1 Bruxellois sur 5 qui gagne moins de 800 € par mois (critères de pauvreté) habite dans l’une de ces 6 communes. Pourtant des études récentes (dont celle de Christian Vandermotten en avril 2007 commandée par le SPF Intégration sociale) ont montré le développement de poches de pauvreté de plus en plus importantes dans la seconde couronne (historiquement les cités sociales de ces communes), réalité que semble ignorer l’Exécutif bruxellois pour qui les enjeux de cohésion sociale semblent s’arrêter aux frontières de certaines communes.

Les primo-arrivants et les publics fragilisés de ces communes sont abandonnés par la Région et ne bénéficient pas du même accompagnement social, ce qui est inadmissible car cela rompt le principe d’égalité de traitement auquel peuvent légitimement prétendre des citoyens dans leur parcours d’intégration et d’élévation sociale.



Emmanuel De Bock

Député bruxellois MR-FDF